Saint-Nazaire, le 2 septembre 2017
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Monsieur le président,
J’ai bien pris note de votre courrier, relativement aux préconisations de l’Interprofession des fruits et légumes frais (INTERFEL) en termes de sécurité sanitaire, de traçabilité et de qualité gustative des aliments. Je remarque les avancées de votre interprofession en matière de respect de l’environnement, et vous invite à persévérer à l’avenir, notamment — j’y reviendrai — par un usage plus raisonné des produits chimiques dans la prévention des maladies qui affectent fruits et légumes.
Vos pistes d’amélioration de l’interpro des fruits et légumes m’ont vivement intéressé, et je vous propose en retour ces quelques réflexions. Le souhait de la formation politique que je représente, le Front national (FN), est de mettre en place un protectionnisme sur le marché des fruits et légumes, du patriotisme économique dans les cantines scolaires et d’administration. Les contraintes relativement aux pesticides seraient alors lissées, car tous les concurrents les supporteraient.
Je souhaite évidemment soutenir la consommation des fruits et légumes frais, notamment par la promotion du programme « Un fruit pour la récré » dans les écoles publiques. Mais ce type de dispositifs devrait selon moi s’étendre plus largement, notamment auprès de la Fonction publique, avec par exemple la généralisation de distributeurs de fruits frais dans les administrations.
Assurer la pérennité de la contribution existante du Compte d’affectation spéciale Développement agricole et rural (CASDAR) me semble être nécessaire, de même que maintenir le soutien des investissements à la filière fruits et légumes frais.
Le fait d’affirmer que l’utilisation, même « raisonnée », de produits phytosanitaires est nécessaire à la compétitivité des opérateurs de la filières fruits et légumes (FEL) me semble critiquable. S’il est certain que l’utilisation de ces produits contribue à des économies importantes, elle a également des conséquences environnementales et sanitaires pouvant être graves pour l’environnement, en termes de santé publique et, même, de santé animale. Ce faisant, je suis favorable aux réglementations limitant l’usage des phytosanitaires, dans la filière FEL comme en général, y compris s’agissant de réglementations supplémentaires à celles demandées par l’Union européenne. Dans le cas présent, cette superposition de mesures ne me semble pas excessive, au nom du principe de précaution.
Évidemment, l’accessibilité des fruits et légumes doit être adaptée à tous les signes qualité nationaux et européens.
Mettre en place un agrément de l’Éducation nationale pour permettre l’information et l’éducation à une alimentation saine, riche en fruits et légumes frais, me semble positif.
Je suis favorable à un soutien de la filière FEL dans ses démarches contre le gaspillage alimentaire, tout en préservant les démarches qualitatives mises en oeuvre par la filière FEL.
Obtenir de l’Union européenne que la communication collective sur l’origine nationale des produits soit autorisée tant en France que sur les marchés extérieurs serait une avancée. Cependant je m’étonne qu’il soit nécessaire de solliciter le niveau européen pour obtenir une telle communication, et cela ne me satisfait pas entièrement. C’est avant tout la France et les pouvoirs publics de notre pays qui doivent joue leur rôle plein et entier, dans le cadre des prérogatives du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
Enfin, je souhaite soutenir les investissements de la filière FEL, la promotion de ses entreprises et produits sur les marchés extérieurs, et que ne soit pas prise de réglementation française qui ne fasse pas l’objet de réciprocité au niveau européen et international, afin que soit rétablie la compétitivité des produits et entreprises françaises de FEL.
Pour autant, je ne juge pas indispensable que, pour mettre ces mesures en application et instaurer le dialogue entre professionnels de la filière et les pouvoirs publics, un délégué interministériel aux produits frais soit nommé. Cela me semble relever d’une mesure de communication, plutôt que d’action. Or, si le président Macron veut vraiment changer et réformer, dans le cadre d’un gouvernement resserré, je souhaite qu’il ne choisisse pas à l’avenir ce type d’options. Les Français — et nos agriculteurs au premier chef, eux qui nourrissent la Nation — aspirent à ce que le président de la République refasse de la politique, et qu’il ne déplace pas les problèmes, par la création de postes ministériels ou de commissions…
Je vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.
Gauthier BOUCHET
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