Conseil municipal : intervention de déc. 2018

Délibération n° 4

Développement durable – Présentation du rapport annuel concernant la politique de la Ville en matière de développement durable (RDD)

Seul le prononcé fait foi.

Monsieur le maire, chers collègues

L’examen annuel du rapport de développement durable permettra aux élus du Rassemblement national de rappeler et préciser leur positionnement sur le modèle de développement qu’ils souhaitent pour notre commune. Nous voulons — mais, tout le monde le veut — bien sûr, autant que vous, autant que tous, une ville durable, écologiquement responsable, et dont l’économie, dynamisée, irrigue une croissance verte et bleue. À la lecture de ce rapport nous ne pouvons d’ailleurs pas dire que vous ne partagiez pas ce point de vue, tout élus d’opposition que nous sommes. Ces quatre dernières années, en effet, de substantiels efforts ont été effectués par votre majorité en termes de transition énergétique et écologique et, cela doit être souligné. Nous pensons en particulier à vos efforts en termes de diminution de la pression phytosanitaire sur notre territoire. Mais doivent également être soulignés les manquements et certaines bévues de votre stratégie de développement durable.

La première de ces bévues, c’est de considérer très largement — trop largement — l’objet même du développement durable, dont le dictionnaire Larousse nous indique qu’il est, je cite, un « mode de développement qui assure la satisfaction des besoins essentiels des générations actuelles, particulièrement des personnes les plus démunies, tout en sauvegardant la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins », sans présupposé idéologique ou partisan. Mais en affirmant un RDD se voulant acteur de « l’épanouissement de tous les êtres humains », vous prenez ce pli : celui d’un développement durable non plus comme but d’intérêt général, mais comme vecteur politique d’une certaine vision des choses. Nous dirions bien, pour notre part, élus du RN, que les politiques de développement durable à Saint-Nazaire n’ont pas tant pour objet l’épanouissement de tous les êtres humains que celui des Français en général, et des Nazairiens en particulier. C’est notre préférence, vous le savez : une priorité nationale et locale, les nôtres d’abord, ce qui n’exclut pas les autres.

Votre vision du développement durable à Saint-Nazaire est singulièrement large, de même, lorsqu’elle s’extirpe en fait de la politique environnementale pour s’intéresser à la politique sociale, et, d’autant plus, pour en rester à de franches abstractions. En particulier, concernant le quartier enclavé de Prézégat, l’urgence n’est pas selon nous à de vagues « chantiers participatifs » mais, dans une égale priorité, à la restauration de la sécurité, la création de commerces et le rétablissement d’équipements publics. Au-delà, Prézégat mérite une rénovation semi-complète de certains de ces bâtiments, dont une partie date des années 1970 et souffre de problèmes d’isolation et d’humidité.

Sans doute, le paragraphe sur « la place de l’arbre dans la ville » est-il sincère, et cependant, comment ne pas le mettre en contradiction avec la politique de la majorité municipale sur la végétalisation de notre espace urbain. Nous pensons en particulier aux polémiques sur le Clos d’Ust, site auquel nous sommes attachés.

Au-delà, penser l’arbre à Saint-Nazaire suppose d’évidence de nous opposer aux excès de l’urbanisation dans certains quartiers nazairiens, symptômes du dogme des 80 000 habitants à court-terme que vous imposez à tous. Pour verdir notre ville et notre vie, le RN propose d’accoler à chaque construction d’immeuble un espace vert, dont la mise en place pourrait être concertée à l’échelle des conseils citoyens de quartiers. Cette présence d’espaces verts urbains doit se coupler avec une sanctuarisation des arbres publics, qui ne devraient plus pouvoir être enlevés, sauf en cas de maladies.

La « politique de l’arbre » — si l’on peut dire — n’a pas toujours été heureuse à Saint-Nazaire, en témoigne les arbres rasés au niveau du Foyers des Vieux amis (en face du Jardin des plantes), au Parc paysager, sur le boulevard Coubertin, au niveau de l’ancien Fanal, avec suppression des peupliers. Que dire, de même, des arbres exotiques type palmiers et yuccas imposés sur le front de mer, après suppression de deux centaines d’arbres locaux en 2007. Pour esthétique qu’elle puisse parfois être, cette implantation artificielle et pourtant coûteuse est faite au détriment des espèces européennes, pourtant mieux adaptées au climat océanique humide et venteux de l’Ouest atlantique. Cette greffe forcée ne survit pas toujours, en témoigne, ça et là, le spectacle d’arbres malingres, torturés par les vents et, finalement, inesthétiques, avec lesquels notre identité patrimoniale ne trouve aucune accointance ; car un arbre, être vivant, et aussi un objet de patrimoine.

Il faudra donc verdir, et verdir mieux, pas simplement notre économie (l’avoir) mais notre paysage, nos rues, notre ville, l’être collectif des Nazairien. Nous vous avons déjà encouragé en ce sens par le passé — il me semble qu’il y a quelques années nous nous félicitions de la végétalisation annoncée de l’entrée Nord — et continuerons en ce sens.

D’autres efforts peuvent sans doute être accomplis : minimes et symboliques, comme par le remplacement des gobelets en plastiques dans les administrations de la Ville par des gobelets biodégradables ; importants comme par la mise en place d’une consultation citoyenne sur la politique environnementale souhaitée par les Nazairiens, à laquelle nous vous appelons, faisant suite à celle, actuelle, sur la politique sportive. L’heure, nous semble-t-il, est aux cahiers de doléances : les Gilets jaunes nous le laissent entendre…

Alors, Nazairiennes, Nazairiennes, à vos doléances. Donnez par votre parole et vos écrits la sève qui, nous l’espérons, fera de notre cité portuaire non seulement une ville fière de son histoire mais qui puisse, aussi, se projeter dans un avenir durable : un développement durable.

Monsieur le maire, chers collègues, merci de votre écoute.

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