Saint-Nazaire, le 24 août 2017
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Madame Pitou-Agudo,
J’ai bien pris connaissance de votre courrier relatif à l’état des lieux du secteur électrique français.
Partageant bien sûr votre souhait d’apporter aux Français une électricité propre, sûre et abordable, je souhaiterai vous apporter quelques éléments de réflexion, concernant RTE, et nos réseaux électriques en général.
J’ai observé avec circonspection, au printemps 2016, la nomination de François Brottes, ancien président de la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, à la présidence de RTE. Par la suite, je constatais que le Gouvernement préparait l’ouverture du capital de RTE, via la création d’une holding ouverte au secteur privé.
Je considère que ce bradage des infrastructures de souveraineté nationale à des acteurs privés, parfois étrangers, est inacceptable, en ce qu’il viole viole la Constitution de la République française, laquelle interdit la privatisation des infrastructures nationales stratégiques. Il n’y a, à mon sens, aucune logique industrielle dans cette opération strictement financière, dont le but est de limiter les dettes qui s’acculent sur EDF, pour le rachat d’Areva NP, le financement des réacteurs EPR de Flamanville, d’Olkiluoto et de Hinkley Point, la rénovation des centrales en vue de leur prolongation, et le déploiement des compteurs électriques intelligents Linky.
La privatisation de RTE est un épisode de plus dans le démantèlement progressif du service public de l’énergie, et l’abandon des fleurons industriels français aux mains des investisseurs étrangers. La France poursuit la politique de privatisation et de déréglementation européenne visant à créer un marché unique de l’électricité. C’est une stratégie de rentabilité financière à court terme, qui contribuera à affaiblir la qualité de nos réseaux électriques, et accroître la situation catastrophique de l’EDF, et pèsera lourdement sur les citoyens et les entreprises. Faute de ressources et de développement suffisant, et cette privatisation étant maintenant effective, le réseau de transport électrique est menacé de ne plus répondre aux demandes élémentaires de sûreté, de qualité, d’équité tarifaire et d’égalité de traitement entre les territoires. Privatiser RTE, c’est la hausse des prix assurée, et les risques de pannes accrus.
Face au gaspillage du patrimoine énergétique des Français, et à la gestion catastrophique des entreprises publiques de l’énergie par les différents gouvernements, de droite comme de gauche, qui se sont succédé depuis les années 2000, la formation que je représente, le Front national, a toujours émis une position ferme. Il en appelle à la mise en place d’une véritable politique énergétique nationale, à court, moyen et long terme. S’agissant d’un secteur éminemment stratégique comme celui de l’électricité, où la France devrait être exemplaire, nous appelons l’État à remettre ce secteur en marche, sous l’égide d’une EDF 100 % publique. L’EDF doit mettre au cœur de son action la sécurité des centrales nucléaires, la performance économique et technique des moyens de production et des réseaux, le déploiement équilibré des énergies renouvelables, le développement de la recherche et de l’emploi dont le secteur de l’énergie, en pleine mutation, a besoin pour les prochaines décennies.
Je vous sais donc gré, Madame, de renoncer immédiatement à cette privatisation, et de revenir à la situation d’actionnariat initiale.
Cordialement,
Gauthier BOUCHET
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